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 Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ]

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Erwan E. Black


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Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ] _
MessageSujet: Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ]   Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ] Icon_minitimeDim 25 Juil 2010 - 13:05


Erwan avait besoin d'air. D'air frais, pas de celui qui pesait sur la ville, pollué et trop lourd de crime. Il avait donc décidé de fuir San Francisco pour une journée, au moins. Seulement il ne pouvait pas se déplacer uniquement à pied, dans un monde où les transports en commun et les voitures étaient à l'honneur. L'idée de prendre ce genre de bolide ne l'enchantait gère, mais il avait réellement besoin de partir. Il se résigna donc a acheter une voiture, qu'il se promit cependant de n'utiliser que lorsqu'il n'aurait pas d'autre choix. Ses goûts de luxe et sa recherche de la perfection le menèrent chez un concessionnaire Aston Martin, où il opta finalement pour une V12 Vantage Carbon Black, édition spéciale. Le vendeur l'observait d'un air à la fois choqué et envieux, terriblement curieux. Il essaya de faire parler son client mais ce dernier n'avait aucune envie de s'attarder, ne rêvant que d'air marin et de grand large.
Il irait au vieux port, c'était décidé.

Une heure plus tard, après avoir pris possession de son bolide et en avoir testé, en ville, à peu près toutes les fonctionnalités, il se décida à quitter San Francisco pour gagner la côte ouest.
Un long moment, il longea l'océan pacifique, s'amusant avec son nouveau jouet afin d'en connaitre les limites. Sauf que le bolide, neuf et absolument irréprochable, ne semblait pas en avoir et pouvait atteindre jusqu'à 300km/h. Sauf qu'aller au delà serait très gravement puni par la loi, déjà que la limite était fixée à 130 sur autoroute ... Erwan esquissa un sourire et revint à une vitesse raisonnable de 190 km. Longue mais belle, la route se révéla plaisante et la conduite fut un véritable plaisir. Erwan rechignait à l'admettre mais la voiture lui plaisait énormément. Cela allait à l'encontre de toutes les traditions dans lesquelles il avait grandit, mais après 600 ans il ne s'en souciait plus guère. Il fallait bien s'adapter au monde d'aujourd'hui qui verrait d'un œil mauvais les déplacements à pied ou a cheval, étant donné sa rapidité étonnante et la technologie avancée. Haussant les épaules, il poussa son bolide à 200 km/h et poursuivit sa course le long de la côte, avant de ralentir considérablement pour emprunter une sortie menant presque directement au bord de la mer.

Le ciel était couvert, de lourds nuages gris sombres venaient du large, chargés de pluie et d'autres menaces métrologiques violentes. Le monde plongeait petit à petit dans une pénombre chaude et pesante qui mettait l'elfe mal à l'aise. Un banal orage estival, certes, comme il en manquait beaucoup en ce moment. Mais cette obscurité grandissante contrastait avec ce qu'il aimait, à savoir la lumière clair d'un ciel d'été ensoleillé, moutonné parfois par quelques nuages venant tempérer la puissance des rayons de l'astre de feu. Lorsque le temps se faisait mauvais, il se sentait en danger. Mais depuis des siècles, il avait apprit à vivre avec et ce n'était maintenant qu'une vague impression de malaise.

Une demie heure plus tard, il serpentait à 100km/h sur une petite route de campagne, longeant des champs de blé en pleine période de moissonnage, des champs de maïs, quelques rares arbres solitaires ... Au loin derrière ce paysage agricole, du côté droit de la voiture, on pouvait discerner l'océan. Rapidement Erwan en trouva le chemin et se retrouva alors dans un paysage plus plat, plus désert encore qu'auparavant. Ici, nulle ferme moderne aux accessoires high-tech, à peine quelques cabanes en bois de temps en temps.
Surpris par cet univers désolé et désertique, l'elfe ralenti et vint garer son Aston Martin dans un petit village en pierre grise qui lui rappelait étrangement sa Bretagne natale. Pas âme qui vive dans ce petit patelin constitué visiblement de pêcheur, d'après les filets qui trônaient devant les portes en bois peintes des maisons. Un chat traversa la ruelle pavée dans laquelle il progressait, de plus en plus étonné par ce décors triste et maussade. Sous ce ciel d'orage menaçant, l'endroit prenait des allures macabres et dangereuses, comme si la mort pouvait survenir au coin d'une ruelle en toute simplicité.

Du coup, son attitude changea. De décontracté et curieux, il passa en mode défensif et prudent, veillant au gain. Il fit en sorte que son pas, plus léger que jamais, soit inaudible sur le pavé irrégulier des ruelles du village, bougeant de manière à ce que son ombre soit sous lui et qu'il puisse avoir une vue dégagée sur l'ensemble de ce qu'il traversait. Il lui fallait gagner l'autre bout du village et suivre un petit sentier de terre avant d'arriver au vieux port, son objectif. Rapide et vigilant, il parcouru le village désert et sombre, se retenant de soupirer de soulagement lorsqu'il s'éloigna sur le chemin de terre menant au port.

En quelques minutes, il émergea des terres verdoyantes pour se retrouver face à une jetée en pierre à laquelle étaient amarrées quelques rares embarcations, fragiles et usées par les années de service, l'eau et les coquillages. Le bois pourrissait par endroit et les mats sommaire menaçait à tout instant de s'écrouler. Ce spectacle désolant eu pour effet de meurtrir Erwan, qui vouait une admiration intacte à l'océan et à tout ceux qui avaient la chance de vivre dessus. Mais là, tout était vieux et usé, même la couleur verdâtres des eaux du port, pleines d'algues, contribuait à cette impression glauque et morbide qui donnait à penser que tout était mort. Plus aucune vie, aucune splendeur dans ces misérables embarcations en bois, pas de fierté marine ... Rien.

Une bourrasque de vent vint frapper le visage malheureux de l'elfe, agitant ses cheveux blonds autour de son visage triste. Ses yeux habituellement bleu azur étaient désormais plus gris que le ciel, sans la pluie cependant. Erwan n'avait pas le souvenir d'avoir pleuré une seule fois dans sa vie. Enfant, il avait été joyeux et rieur, malicieux comme un lutin avant de devenir grave et sérieux comme ses ancêtres, lorsque la guerre était venu l'arracher à sa forêt natale. Par la suite, il était devenu ... un exilé volontaire. Il n'était jamais rentré en France, dans sa Bretagne profonde et il avait espéré trouver ici un échos à ses souvenirs presque effacés. Sauf que non. Tout n'était plus que ruine et désolation. Un déclin qui laissait présager celui de la race elfique ...

Une voix douce et mélodieuse s'éleva dans le vent, charriant des accents d'infinie tristesse. Erwan chantait, une chanson plus vieille que lui, apprise auprès des sirènes qu'il avait rencontré lors de son quatrième siècle. Une ode à l'océan qui perdait petit à petit de sa splendeur, ruiné par le monde des hommes et leur ambition incommensurable. Un hymne à l'ancien monde.
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Clara Jones


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Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ] _
MessageSujet: Re: Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ]   Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ] Icon_minitimeMer 28 Juil 2010 - 16:03

Sur le pas de la porte, une jeune femme en saluait une autre qui allait en s'éloignant. Tout en lui accordant de larges signes de la main, la première observait la jeune femme brune comme si elle craignait qu'elle ne s'écroule. La surveillant comme une mère ses petits, elle finit par ne plus douter qu'elle trouverait son chemin. La porte se referma à sa suite, son poste de guet abandonné. La deuxième poursuivit sa route, l'air serein. Clara Jones connaissait les lieux, faute d'y venir régulièrement. Le quartier n'était pas des plus agréables qu'elle connaissait. Tout était trop petit ; les maisons, les rares magasins - à savoir, une épicerie, une librairie et une boucherie, car le reste s'achetait au centre commerciale de la ville. -, la 'grande place' et même les habitants. Ces derniers s'entassaient les uns sur les autres tant l'anarchie et le manque de place dominaient.

Les ruelles sombres et peu avenantes ne la firent pas rebrousser chemin, au contraire. Elle savait que c'était le passage le plus sûr pour rejoindre la civilisation telle qu'elle s'en faisait l'idée. Là-dedans, personne ne se risquait à s'aventurer, le facteur lui-même devait se forcer à y pénétrer. Clara, elle, s'y promenait volontiers. Peu lui importait le décor funeste et l'air irrespirable dû à la pollution qui s'y accumulait, pourvu qu'elle y soit tranquille. Ici, pas un chat ne viendrait se perdre. Ça lui convenait plutôt bien. Ne prêtant pas attention aux façades défraîchies qui se succédaient les unes aux autres, la sorcière accéléra l'allure. Elle venait d'avoir une idée. Peu désireuse de mettre fin à son séjour aussi rapidement, elle bifurqua à l'angle de la rue qu'elle avait empruntée pour déboucher sur un petit sentier. La laideur du village où elle était venue tenir compagnie à une amie le temps de quelques jours n'avait pas fini de lui brûler les yeux - elle le savait.

Le port, l'endroit qu'elle venait de rejoindre, n'avait pas plus fière allure. Les ancêtres de beaux navires marchands qui avaient connu leurs jours de gloires se mourraient ça et là, accentuant d'autant plus l'ambiance morbide des lieux. De l'eau s'échappaient des odeurs nauséabondes, sans doute dues aux engrais chimiques en tout genre utilisés pour l'élevage, dans la région. L'air sentait le poisson pas frais, pour cause, l'océan était tellement pourri de ce côté que la vie y était peu présente. Bon nombre de bestioles à nageoires flottaient à la surface.

Tout cela était bien triste, certes. Pourtant, Clara ne pouvait s'empêcher d'aimer ce vieux port. A chacune de ses visites chez Zélia, ses pas la conduisaient aux navires délaissés en lesquels elle devinait une époque révolue, des vies passées ou un appel à la révolte. On ne pouvait guère laisser le port dans un tel état, tout le monde le disait. Le disait seulement. Car jamais rien ne bougeait, pas de travaux prévus, donc pas de réparation. Tout dépérissait sur place. C'était fort peu remercier la nature qui avait pourvu les lieux d'une splendeur incomparable - certes envolée aujourd'hui, mais la faute à qui?
Après tout, niveau économique, le site ne rapportait plus rien. Et ce qui ne servait pas à enrichir les poches d'une haute figure ne méritait pas qu'on s'y intéresse. C'était la politique de tout homme d'affaire. Pour vivre bien, il fallait de l'argent. Or on en obtenait qu'en faisant des sacrifices, qu'ils soient personnels ou non. Là, on délaissait les docks parce que plus rien ne servait, c'était une perte de temps. Le temps, c'est de l'argent.

Clara aimait étudier différents points de vue, celui des riches assoiffés de toujours plus de pouvoir en particulier. Ça lui donnait une raison de mal se comporter envers les autres, ceux qui lui importaient peu. Si les dirigeants les plus connus se permettaient de le faire, pourquoi pas elle. Après tout, on ne cessait de leur répéter à longueur de journée que tout le monde était égal. Elle ne faisait qu'appliquer ces dires à sa manière. Elle méprisait tous ceux qui lui barraient la voie comme l'état cet endroit. Plantée devant l'Océan, elle ne pouvait qu'être encore plus enchantée face à l'évidence qu'elle au moins, ne laissait pas les passants dans un état aussi déplorable. Un point pour elle.
En observant un peu plus avec attention ce qui s'étalait devant ses yeux, sa vision se heurta à une silhouette masculine qui n'avait guère fière allure. On aurait crû un oisillon tombé du nid, confronté à la dure réalité du monde cruel. Sortant de ses pensées qui la captivaient jusqu'alors, des sons aussi étranges que mélodieux vinrent lui chatouiller les oreilles. Aurait-elle fait tout de suite attention aux alentours qu'elle les aurait remarqués plus tôt. Mais en distraite qu'elle était, ses réflexions fugaces obnubilaient son esprit tout entier. La voix qui chantait dans ce langage incompréhensible était une des plus enchanteresse qu'elle n'aie jamais entendue.

Ne comprenant rien à ce qui était débité, elle s'approcha, dans l'espoir que la distance comblée, le vent lui apporterait plus d'indices. C'était grotesque. L'homme d'où s'élevaient ces notes envoûtantes ne se trouvait plus qu'à quelques pas devant elle lorsque Clara trébucha. Un creux mal placé avait décidé de gêner sa progression, comme si il avait décidé qu'elle devait tomber juste à cet instant et mettre fin à la sérénité du jeune homme avec autant de discrétion qu'elle en possédait. C'était du Jones tout craché. Incapable de passer inaperçue plus longtemps qu'elle le voudrait. Etalée de tout son long sur le sol dur, la brune craignait d'être à l'origine du silence qui avait brutalement remplacé le chant du garçon. En étant désormais persuadée du fait qu'il s'était retourné en sa direction et la contemplait comme si il s'agissait là d'un OVNI perdu en pleine jungle amazonienne, la brune tenta tant bien que mal de se redresser. Tentant de se redresser, une douleur monstrueuse au niveau de la cheville gauche la fit changer d'avis. Sans doute une foulure.

Enervée au possible par sa propre inadvertance, elle s'exclama rageusement :

- Quelle poisse !

Et bien sûr, elle avait laissé son amertume s'exprimer en oubliant qu'elle n'était pas seule. Cependant, seule ou pas, elle ne pouvait jamais retenir ces pensées aussi brusques qui lui démangeaient la langue. Clara Jones n'avait pas de porte arrière, elle ne mâchait pas non plus ses mots. Surtout lorsqu'il s'agissait de libre expression, comme elle les qualifiaient elle-même.
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Erwan E. Black


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MessageSujet: Re: Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ]   Je voudrais m'immerger. Disparaître à jamais, jeter mes travers dans les profondeurs des mers. [ Clara & Erwan ] Icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 17:51

La détresse émanant des lieux donnait à Erwan l'envie de hurler de douleur et de désespoir.
C'était là un des inconvénients notables de sa race, la sensibilité aigüe des souffrances de la nature et des êtres vivants. Tout les elfes naissaient avec une conscience profonde du monde qui l'entoure. Par la suite, selon l'éducation reçue, il est possible de moduler cette manière d'appréhender le monde et, dans quelques rares cas, de l'éradiquer totalement. Certains renégats de la société des oreilles pointues étaient parvenus à ce stade étrange où ils ne ressentent plus rien de ce qui les entoure. En général, ces elfes là se révélaient égoïstes et narcissiques au possible, tellement, qu'il devenait impossible de les côtoyer.

Les lieux étaient perdus pour toujours, voués à une disparition, silencieuse pour les oreilles insensibles et déchirantes pour celles capables d'entendre son agonie.
La jetée branlante à laquelle étaient amarrés des ruines de navires et de sommaires barques en bois, faisait pitié. Autrefois splendide et parfaitement bien entretenue, préservée, elle était désormais rongée par la vase et la pourriture, les planches étaient glissantes, mal jointes, cassées ... et il en manquait même à certains endroits. L'odeur nauséabonde qui s'élevait de l'éternelle marrée basse soulevait le coeur et donnait au tableau des airs morbides, glauques. L'eau, verte et trouble, n'avait plus rien à voir avec l'océan déchainé qui autrefois battait la jetée avec force, protestant contre la civilisation qui empiétait sur son territoire. Aujourd'hui ... on aurait dit que le port était bâti sur un lac visqueux et dangereux, composé d'un mélange d'eau polluée et d'algues nocives. Quant aux vestiges peu glorieux des chevaliers des flots, c'était un crève coeur que de poser les yeux sur eux. Disloquées, rongées par les huitres et les moules, les coques incolores prenaient l'eau et s'enfonçaient à moitié dans le sable noir et détrempé qui se devinait tant bien que mal sous l'eau verdâtre. Qu'ils étaient loin, les vaillants navires qui fendaient l'écume, leurs coques bleues, vertes, noires ou rouges attirant les regards à chaque assaut courageusement mené. Qu'ils étaient loin, les bateaux qui faisaient rêver, ces explorateurs du monde à bord desquels tant de jeunes gens avaient rêvé d'embarquer. Épaves sans gloire et sans espoirs, les barques en ruine pourrissaient là, aux yeux de tous.

Emportée par sa tristesse déchirante, Erwan poursuivait son ode. Sa voix charriant des accents profondément tristes et mélancoliques, il exprimait son désespoir en essayant cependant d'apaiser la nature environnante. Ses paroles, du vieil elfique, avaient la propriété magique de dompter, plus où moins, les éléments. Peu d'elfes possédaient ce talent. En réalité, depuis 500 ans qu'il parcourait le monde, il n'avait jamais entendu parler de ce don très particulier. Il en avait déduit qu'il était le seul à le posséder, même s'il n'y croyait pas trop. Cela dit, il avait toujours apprécié les possibilités qui s'offraient à lui grâce au contrôle, relatif, de la nature.
Attentif même si tout à sa douleur, il prit conscience que les vestiges naturels lui répondaient avec sagesse. Une résignation mêlée de tristesse douloureuse faisait écho à son chant, ténue mais réelle. L'eau lui renvoyait des relents de sel, derniers effluves de l'océan désormais mort. Le bois de la jetée, comme celui des barques, exhalait en même temps les dernieres senteurs de résine prisonnières, qui s'alliait délicatement avec l'odeur précédente. D'un seul coup, l'endroit sembla retrouver un peu de sa splendeur passée et, en fermant les yeux, Erwan se prit à visualiser le port tel qu'il l'avait connu, presque deux siècles plus tôt.

Mais alors qu'il entamait le dernier passage de son hymne, les yeux clos et un début de sourire se peignant sur ses lèvres, un bruit de chute résonna dans son dos.
Une fois de plus, il s'était fait surprendre. Il songea, l'espace d'une seconde, qu'il faisait décidément un bien piètre elfe, à se laisser ainsi avoir comme un vulgaire nouveau née de deux cent ans. Son chant ayant été interrompu par le son sourd et lourd d'un corps qui atterrit au sol, il soupira brièvement en ouvrant les yeux, découvrant de nouveau la désolation morbide du port, avant de se tourner pour voir qui venait troubler sa quiétude.

Ayant fait volte face, il arqua un sourcil en découvrant un corps de femme étalé dans le sentier herbeux qui menait jusqu'au port. Tient, une demoiselle en détresse ... Mais que venait-elle faire dans ce coin perdu au bout du monde ? Il l'observa plus attentivement, curieux de découvrir quel genre de femme pouvait avoir envie de découvrir d'où venaient de telles effluves repoussantes. Il est vrai que l'odeur n'était clairement pas propice pour une promenade de santé ... Toujours est-il qu'il avait sous les yeux une étrangère en difficulté. Il remarqua qu'elle n'était pas très grande, mais pas petite non plus. Cependant, comme elle avait le visage au dessus du sol, il ne pouvait le voir. De plus, un rideau de longs cheveux bruns le cachait à la vue de tous, pour l'heure. Elle tenta de se redresser, ce fut visible à sa façon de pousser sur ses bras pour relever son buste, mais lorsqu'elle tenta de s'appuyer sur son pied pour achever la manœuvre, elle retomba lourdement en poussant un cri de douleur mêlé de colère :

- La poisse !

Erwan arqua de nouveau un sourcil mais ne broncha pas immédiatement, attendant de voir si la jeune femme se souviendrait de sa présence. A coup sur, elle avait entendu sa voix. Ce qui expliquait peut-être sa présence ici ... Finalement, sa galanterie et sa sollicitude reprenant le dessus, il s'approcha rapidement de la jeune femme et s'agenouilla près d'elle, de façon à pouvoir atteindre son pied blessé. D'une voix douce et calme, il déclara posément :

- Vous êtes blessée. Si vous me permettez, je vais arranger cela. Ce n'est peut-être qu'une foulure ...

Sans réellement attendre de réponse, il tendit les bras et aida la jeune brune à se redresser, l'asseyant dans le sentier de manière à ce qu'elle puisse voir ce qu'il allait faire. Sans lui adresser le moindre regard, il tendit une main vers la cheville meurtrie qui enflait à vue d'oeil. Il ne s'était pas trompé dans son diagnostic. Lentement, il passa ses doigts sur l'hématome et murmura quelques mots en vieil elfique, espérant que l'étrangère n'avait aucune idée de ce qu'il faisait.
Il n'était pas censé utiliser la magie, c'était un don que les elfes gardaient secret depuis des siècles et des siècles. Beaucoup en avait d'ailleurs oublié l'existence et vivaient toute leur vie sans en faire usage. D'autres étaient initiés aux secrets, liés par la promesse de n'en user qu'en cas de force majeure. Il y avait des règles à respecter et des limites à ne pas dépasser. Si ces deux conditions n'étaient pas respectées ... Le don se révélait mortel. Le principe de la magie étant de puiser la force dans l'environnement en sélectionnant les sources, il fallait faire attention à ne rien détruire et surtout ... à ne pas puiser dans les humains. Pas même pour sauver d'autres vies. C'était formellement interdit car ... mortel.

Mais lui n'avait jamais beaucoup respecté les règles. Et il était encore en vie ...

Pour l'heure, il utilisait une très petite partie de sa force vitale pour permettre à la foulure de s'annuler, par un processus médical impossible à expliquer. Il était concentré sur sa tâche et ne prêtait aucune attention à sa patiente improvisée. Sa douceur et son caractère altruiste le portait toujours, parfois malgré lui, à porter secours aux autres. Ce qu'il faisait avec talent, même s'il n'était pas toujours désiré.
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