La silhouette svelte de James passait encore inaperçue jusqu'à maintenant: il se mouvait désormais avec finesse, à l'aide de ses bras et de ses jambes toujours harmonieuses qui lui donnait cette allure féline. Il s'était discrètement glissé dans le hall du centre commercial aux façades rouges vifs comme le sang de ses victimes. Il marcha jusqu'au comptoir l'oeil bas et à l'affût, fuyant le regard insistant parfois déshabillant de quelques humains. Si seulement ceux-ci avaient une petite idée de ce que James était capable de leur faire... Le brun ne s’éternisa pas à rester immobile. Il savait qu’elle ne tarderait plus. En attendant la juene sorcière qui le rejoindrait bientôt, il décida de faire un tour dans la maison de presse du centre. Il entra dans le magasin et s’approcha des magasines qui venaient d’arriver. À la tête de chaque livrets se trouvaient la même photo, celle du couple le plus connu des adolescents d’aujourd’hui: Edwart Cullen et Isabella Swann. Le brun étouffa un rire moqueur. Comme cette euphorie envers ces êtres imaginaires lui faisait pitié ! Si les gens savaient ce qu’était vraiment les vampires, si seulement ils connaissaient leur histoire, ils ne seraient pas aussi extasiés devant l’histoire impossible d’une humaine et d’un vampire végétarien ! Franchement, quelle stupidité de tomber amoureux d’une créature aussi faible que les humains... James ne ferait jamais cette erreur ! Oh bien sûr, il avait failli manquer à cette règle. Mais il était revenu très vite dans le droit chemin. De toute façon, l’amour, ce n’était pas fait pour lui. C’était trop compliqué. Il n’avait pas besoin de complications dans sa vie. Soupirant, il huma l’air. Après avoir sentit l’odeur qu’il recherchait, il sortit du kiosque et se dirigea vers la fontaine qui se trouvait au centre du bâtiment.

Il marchait toujours aussi gracieusement, mais discrètement. Habillé de noir, il était méconnaissable face à la foule, et il se félicita intérieurement d’avoir été aussi futé. Le jeu serait d’une facilité enfantine. Mais, lorsque son regard tomba sur sa coéquipière, il poussa un soupir d’exaspération. La sorcière qu’il avait pour meilleure amie s’était habillée d’une ribambelle de couleur, un manteau rose, des collants verts pommes, un tee-shirt jaune citron et une jupe bleu marine. Quoi de mieux pour se fondre dans la masse ? Il la rejoignit très vite, elle était en train de regarder l’eau de la fontaine et il eut la folle envie de la faire tomber dedans. Il se retint, bien sûr, n’ayant aucune envie de subir la colère de la sorcière. Pour lui faire part de son arrivée, il lui porta les mains sur les yeux et s’écria:

-Prête ?! La partie peut-elle commencer ?!

James était excité comme un gamin à qui on avait promis une gâterie. Mais, c’est qu’il adorait faire les quatre cents coups avec sa meilleure amie, Mona-Lou Rechtet. Tous deux n’en rataient pas une pour torturer de pauvres âmes innocentes, sadiques autant l’un que l’autre. La brunette se retourna aussitôt et lui offrit un sourire authentique. James adorait la voir sourire. Ils se connaissaient depuis tellement longtemps que James ne comptait plus. Il croisa le regard flamboyant de la sorcière et sut tout de suite qu’évidement, elle était prête. Avant qu’elle ne puisse dire un mot, le vampire s’exclama:

-Franchement, tu n’y es pas allée de main morte pour te “fondre dans la masse”, si je reprends les mots que tu m’as adressé au téléphone il y a à peine deux heures !

James la taquinait, il adorait ça, et il le faisait avec plaisir. D’habitude, elle détestait porter des couleurs, il ne comprenait donc pas son nouveau style et attendait des explications. De toute façon, ils avaient tout leur temps pour jouer,ils avaient toute la vie devant eux, et plus encore....

Dans le taxi qui l'emmenait au centre commercial, Mona-Lou réfléchissait à la journée qui s'offrait à elle. Halloween était une fête tellement intéressante à exploiter ici... Bien plus qu'en France... Alors, évidemment, elle n'avait pas pu résister à la tentation de donner rendez-vous à son meilleur ami afin d'en profiter, bien qu'il ne sache pas ce qu'elle avait en tête. L'avantage énorme qu'avait James, aux yeux de la sorcière, était qu'il lui faisait confiance. Et à vrai dire, il s'avérait que la confiance se trouvait être réciproque. Si on lui demandait comme leur rencontre avait bien pu se produire, la jeune femme toisait le questionneur avec un regard vide et s'en allait sans ajouter un mot. Leur rencontre avait été et depuis, ils ne se quittaient plus. Ou presque. Chacun avait sa vie mais ne résistait pas très très longtemps au désir de voir l'autre pour embêter quelques âmes trop innocentes à leur goût.

Sous le regard de la française, le paysage cessa soudainement de bouger et le chauffeur de son taxi lui donna le prix qu'elle lui devait d'un ton impassible. Avec indifférence, elle lui tendit la somme et sortit de la voiture sans un regard en arrière. Le taxi redémarra pendant qu'elle entrait dans le bâtiment principal du centre commercial. Sur son passage, des rires et des yeux ébahis se créaient sans qu'elle ne daigne y faire réellement attention. Après tout, si elle s'était habillée d'un manteau rose sur un tee-shirt jaune citron sous lequel se trouvait une jupe bleu marine et des collants verts pommes, ce n'était pas pour passer inaperçue. Elle voulait qu'on la remarque aujourd'hui parce qu'aujourd'hui, elle serait folle. Aujourd'hui, elle suivrait ses plus pures envies et James allait faire de même. Parce que c'était Halloween.

Subitement, la sorcière s’arrêta au milieu du passage et observa les environs d’un œil attentif tout en continuant d'ignorer les passants. A part quelques décorations dans les vitrines des commerces, il n’y avait rien qui pouvait signifier qu’Halloween était en train de se passer. C’était décevant de la part de ce peuple américain pourtant si attaché aux fêtes en tout genre… Soupirant d’un air agacé, la sorcière entortilla une mèche de cheveux autour de l’un de ses doigts avant de recommencer à avancer. Halloween l’avait toujours fascinée. Au début, c’était pour les masques et le « trick or treat » mais lorsqu’elle avait pris conscience de ses pouvoirs, c’était l’origine du folklore qui l’avait captivée. Les anciens celtes pensaient que les morts profitaient de la nuit grandissante pour venir torturer les vivants… Mona savait pertinemment que ce n’était pas qu’à Halloween que les morts faisaient ce genre de choses mais ayant découvert qu’à cette période, les esprits malins se trouvaient fortifiés, elle n’avait eu de cesse de rêver d’en profiter un jour. Après tout, n’était-elle pas une créature relativement mauvaise ? Si. Et James aussi. Ce jour allait donc être leur jour plus qu’aucun autre avant celui-là.

Levant d'un coup le nez vers la verrière du plafond, mûe d’une impulsion soudaine, la sorcière ne put empêcher un sourire spontané d’envahir ses lèvres : la décoration qu’elle pensait avoir été minimalisée avait simplement été placée au-dessus des enseignes et d'immenses banderoles oranges et noires couvraient les hauts des murs en traversant occasionnellement les allées tant qu'on regardait vers le bas. La surprise l’avait fait s’immobiliser une nouvelle fois mais elle se reprit rapidement et se remit tranquillement à marcher en se demandant le taux de personnes s’étant rendu compte du jour que l’on était. Relativement peu vu l’absence globale de déguisements mais elle n’était pas encore arrivée dans le pôle jeune du centre commercial. Et n’y arriverait pas avant quelques dizaines de minutes vu qu’elle allait pour l’instant s’installer sur le rebord de l’imposante fontaine qui trônait au centre du bâtiment pour retrouver James. Ce dernier n’avait pas idée de ce point de rendez-vous mais la sorcière savait pertinemment qu’il suffisait qu’il perçoive son odeur pour le voir rappliquer dans la minute.

Consciente d’être d’autant plus repérable grâce à sa tenue, la jeune femme s’autorisa à être distraite et se mit à contempler l’eau avec fascination. Le temps s’étant relativement rafraîchi, elle n’avait plus l’occasion de profiter pleinement de la plage donc lorsqu’elle en avait la possibilité, elle laissait ses pensées se dérouler face à une étendue aqueuse. Sauf que là, ses pensées se résumaient à une suite de chiffres traduisant le temps que mettait James à arriver. Son comptage s'arrêta à cent-dix-neuf lorsque des mains se plaquèrent sur ses yeux en même temps que la voix du vampire trahissait son enjouement à la retrouver:

- Prête ?! La partie peut-elle commencer ?!

Immédiatement, Mona se retourna vers lui en souriant, toute aussi ravie que lui de se retrouver dans de telles circonstances. Habillé entièrement de noir, il était tel qu’elle lui avait recommandé d’être ce qu’elle apprécia. Encore une preuve de sa confiance à son égard. Elle croisa son regard et hocha légèrement de la tête en réponse à la question qu’il venait de lui être soumise. Comment ne pas être prête quand leur duo de choc se retrouvait enfin ? Okay, ça ne faisait pas si longtemps qu’ils s’étaient quittés pour la dernière fois – une semaine tout au plus- mais même, la question était simplement là pour la forme. Sans lui laisser le temps de verbaliser le moindre mot, le brun continua :

-Franchement, tu n’y es pas allée de main morte pour te “fondre dans la masse”, si je reprends les mots que tu m’as adressé au téléphone il y a à peine deux heures !

Hochant la tête, faussement embarrassée, la jeune femme finit par arborer une expression amusée, signe que le plan qu’elle avait derrière la tête avait de grandes chances de plaire à son complice. Il était directement allé à l’essentiel, sans s’ennuyer avec des quelconques formules de politesse, de toutes manières, ça aurait été totalement désuet vu la façon dont leur relation fonctionnait : s’ils s’entendaient si bien, ce n’est pas parce qu’ils étaient d’une immense courtoisie avec l’autre mais bien parce qu’ils étaient spontanés et sincères. Et qu’ils avaient un net penchant pour l’humoir noir et le sadisme mais ce n’était qu’accessoire… Ou presque. Quoiqu’il en soit, le vampire attendait une réponse et il était peut-être temps de la lui fournir alors Mona agrandit son sourire et accéda à sa requête :

- Je n’ai jamais dit que j’allais moi aussi me fondre dans la masse, je t’ai simplement encouragé à le faire toi. commença-t-elle d’un ton moqueur avant de retrouver un peu de son sérieux pour continuer : Tu sais quel jour on est, je suppose ?

Voyant l’expression surprise que le vampire arbora pendant un instant, elle désigna d’un doigt une vitrine près d’eux, sans lâcher son visage du regard.

-Halloween… Et quel jour peut-il être meilleur pour faire de vilaines farces aux gens, je te le demande, surtout quand il s'agit de se faire passer pour des choses qui n'existent pas... Tu as de la chance, grâce à la vague médiatique qui entoure ton espèce, tu ne vas avoir aucun réel effort à faire mais je ne peux en dire pareil pour moi. C'est ce qui explique ma tenue, expliqua-t-elle en se désignant d'un mouvement de la main. Se déguiser en vilaine sorcière est trop cliché mais en revanche, faire la vilaine sorcière dans des habits de fée excentrique... Je trouve ça pas trop mal comme idée...

James se retenait de rire, vraiment. Mona-Lou n’était pourtant pas ridicule, habillée comme une hystérique, elle était même plutôt jolie. Il était vrai que pendant un temps, James avait été épris de la brune. Ce n’était évidemment pas des sentiments sincères, puisque le vampire n’avait aimé qu’une seule femme, mais, Mona-Lou avait été là, lorsqu’il avait perdu pied, et il avait un instant pensé à ce que tous deux, ensemble, auraient pu donner... De l’horreur, certainement. La sorcière aquiessa, puis arbora un sourire mesquin, ce qui signifiait qu’elle avait des idées assez sombre derrière la tête. James était impatient de les connaître et il attendit que son amie daigne lui répondre:

- Je n’ai jamais dit que j’allais moi aussi me fondre dans la masse, je t’ai simplement encouragé à le faire toi. Tu sais quel jour on est, je suppose ?

Elle avait parlée d’un ton moqueur, mais James ne s’en énerva pas du tout, alors qu’avec d’autres personnes, il aurait tué pour moins que ça. Mais, il connaissait sa meilleure amie, et celle-ci était loin d’être respectueuse. D’ailleurs, lui même dépassait parfois les limites que la sorcière lui avait posé. Il sourit dangereusement à son interlocutrice, avant de regarder dans le vide, cherchant une réponse à la question qu’elle venait de lui poser. Depuis quelque temps, James ne faisait plus très attention aux dates. il vivait depuis très longtemps et les jours défilaient comme des années à ses yeux. Il ne faisait donc vraiment pas attention aux dates. Mona-Lou sembla exaspérée par son ignorance et il lui adressa un sourire gêné. Elle désigna alors une vitrine de son doigt fin et James le suivit du regard. Le brun dut surpris de découvrir à travers les vitres des couleurs orange et noir, il observa alors autour de lui et remarqua que c’était ainsi dans à peu près toutes les boutiques. Des citrouilles avaient même été disposées dans des coins du centre commercial. Il pensait savoir quel était cet évènement, mais attendit que sa sorcière lui confirme:

-Halloween… Et quel jour peut-il être meilleur pour faire de vilaines farces aux gens, je te le demande, surtout quand il s'agit de se faire passer pour des choses qui n'existent pas... Tu as de la chance, grâce à la vague médiatique qui entoure ton espèce, tu ne vas avoir aucun réel effort à faire mais je ne peux en dire pareil pour moi. C'est ce qui explique ma tenue, expliqua-t-elle/ Se déguiser en vilaine sorcière est trop cliché mais en revanche, faire la vilaine sorcière dans des habits de fée excentrique... Je trouve ça pas trop mal comme idée...

James ne put se retenir plus longtemps, et il éclata de rire. Fort, bruyant, mais sexy, il ria à plein poumons, et ce ne fut qu’après quelques secondes qu’il put reprendre son sérieux. Mona-Lou avait toujours des idées folles et farfelues, mais il devait avouer qu’aujourd’hui, elle s’était surpassée et il n’en était que plus heureux. Tout de même, il se demandait bien où pouvait-elle trouver toute cette imagination ? C’était un mystère auquel Mona-Lou ne voulait pas répondre, mais James était certain, qu’un jour elle lui avouerait tout ses secrets. Même si le vampire adorait réfléchir, il préférait encore plus passer à l’action. Il demanda alors de sa voix mielleuse:

-Par où commence ton, marraine la fée ?

Il pouffa une nouvelle fois, mais se retint, sachant que Mona-Lou se vexerait si il continuait à se déconcentrer ainsi. Torturer les âmes n’étaient pas un acte aisé, il fallait avoir un certain charisme, et surtout ne pas se perdre dans sa tête. Il se souvenait que dans ses débuts, Mona-Lou avait énormément de mal... puis elle avait surpassée toutes les espérances du vampire, et était devenue presque aussi forte que lui. Néanmoins, il restait un maître dans ce domaine, et il le resterait longtemps. James était vilain, très vilain.

A peine eut-elle finie d'expliquer son plan à son brun préféré que cet imbécile s'effondrait de rire. Le toisant avec circonspection, la sorcière ne put toutefois retenir un léger sourire devant le flagrant charme naturel de son ami qui même en riant comme un gosse gardait un indéniable côté séduisant. Sa crise de rire semblait ne jamais pouvoir finir et Mona-Lou nota pour elle-même et avec un sarcasme évident que James avait de la chance d'être déjà mort parce que sinon, elle n'aurait pas donné cher de sa peau. N'importe quel mortel se serait étouffé à force de rire avec autant de "vigueur"... Toutefois, en décomposant les évènements, la sorcière comprit que son idée avait beaucoup plu au vampire et que c'était pour cette raison qu'il s'était laissé à rire de la sorte. Son égo quelque peu apaisé, elle attendit patiemment que les éclats de rire du brun se calment et qu'il trouve la force de dire quelque chose en rapport avec le projet qu'elle venait de lui exposer. Cela se mua en une trentaine de secondes d'attente avant que la voix de velours du jeune homme ne résonne une fois encore à ses oreilles:

-Par où commence-t-on, marraine la fée ?

Quel surnom... Innovant. Un bref sentiment de lassitude traversa la française, alors que son ami laissait échapper un dernier rire, visiblement très fier de la nouvelle dénomination qu'il venait de lui attribuer. Certes. Peu désireuse de s'attarder sur le sujet, elle le regarda avec hauteur et ne fut pas surprise qu'il lui renvoie la pareille. Un fin sourire s'échoua une nouvelle fois sur ses lèvres et elle reprit la parole d'un ton sarcastique:

- James, mon adorable vampirounet, je te déconseille fortement de réemployer les terme de "Marraine La Fée" pour me désigner parce que si tu le fais, je te prive définitivement de mon imagination délirante et tu n'auras jamais mon secret. Compris?

Se doutant que ce n'est pas ça qui empêchera le brun de faire ce qu'il veut, Mona-Lou passa une main sur sa jupe à volants bleu marine et fixa son regard sur le sol devant elle, un air mélancolique -signe de réflexion chez elle- peint sur son visage. Par où commencer... C'était une question tout à fait pertinente. Il est vrai qu'elle savait ce qu'ils allaient faire mais par quoi ils allaient commencer, était diablement plus délicat à décider. Étant donné que la vague médiatique qui entourait l'espèce de James était d'ordre cinématographique et bibliographique, il serait plutôt intéressant d'attendre à la sortie des salles quelques spectatrices totalement subjuguées par les vampires de pacotille qui leur étaient présentés... Sauf que dans ce cas, il allait falloir que James et elle se séparent étant donné qu'il n'y avait aucune mention de sorcellerie dans le film qui les intéressait. A moins qu'ils ne se décident finalement pour la librairie et qu'ils choisissent leurs victimes en fonction de leurs choix littéraires. Avec un peu de chance, ils auraient même le loisir de jeter leur dévolu sur une victime adepte de vampire & de sorcière, et d'ainsi la poursuivre jusqu'à chez elle... Pour peut-être l'achever? Ca, c'était encore à voir mais il y avait fort à parier que d'ici la fin de la journée au moins un mortel allait mourir car un jeu entre James Winslowe et Mona-Lou Rechtet n'était jamais sans conséquence pour les individus qui n'avait aucun moyen de se défendre.

- Ca fait bien longtemps que je ne suis pas entrée dans un Megastore... Tous ces livres, tous ces films, toute cette musique même!, me manquent atrocement d'un coup. Tu n'es pas de mon avis, Jimmy? demanda-t-elle tout sourire, ses yeux brillants à la perspective de ce qu'ils allaient pouvoir faire.

Admirer son meilleur ami lorsqu'il terrifiait les gens était très agréable, surtout quand il s'agissait de filles qui la regardait au début avec dédain. Elle avait toujours envie de leur dire "peut-être suis-je moins jolie que vous mesdemoiselles, mais moi James ne va pas me bouffer dans une dizaine de minutes" mais se contenait, sachant que ne rien dire était la meilleure des choses à faire. Un hochement de tête de l'objet momentané de ses pensées la sortit de ces dernières et elle le suivit en direction du Megastore le plus proche. Lorsqu'ils franchirent les portails antivols du magasin, les vigiles les observèrent avec méfiance mais l'assurance de James (sûrement doublée d'un regard noir mais Mona-Lou n'en était pas certaine) les remirent à leur place. Sans leur accorder plus d'attention qu'ils ne le méritaient, le duo s'enfonça dans les entrailles du magasin, direction sa librairie. Sur leurs chemins, de nombreux regards s'attardaient sur eux à cause de la tenue de la sorcière ou du charisme parfois agaçant du vampire. Ce dernier en profitait, chasseur séducteur jusqu'au bout des ongles mais son amie lui donna un léger coup de coude dans les côtes en disant qu'il valait mieux éviter de se faire remarquer d'entrée. Il lui rendit son coup de coude et ils arrivèrent au centre de la librairie.

- Regarde-moi tous ces livres sur les vampires... Je suis certaine que pas un ne parle correctement de ce sujet, souffla-t-elle en laissant glissant la pulpe de ses doigts sur les couvertures de certains ouvrages.

Au moins en ce qui concernait les sorcières, les écrits étaient la plupart du temps réaliste. Hormis en ce qui concernait les formules et baguettes magiques même si la française avait entendu dire que certaines de ses consœurs - et même certains de ses confrères - les utilisaient afin d'augmenter leurs pouvoirs. La brune estimait que s'ils avaient besoin de ça, c'était qu'ils étaient faibles et s'était donc promis de tuer le premier sorcier ou la première sorcière armée d'une baguette, qu'elle rencontrerait. Levant les yeux des livres, elle fut un instant désorientée de constater l'absence de James à ses côtés mais s'amusa de le retrouver quelques mètres plus loin, conversant activement avec deux jeunes femmes, totalement captivées par les mots qui sortaient de sa bouche. Voyant que le vampire s'était ainsi déjà mis à la tâche, elle lui fit discrètement signe qu'il était vraiment très bon et s'approcha nonchalamment d'un lecteur choisi totalement au hasard. Tant pis pour lui, il n'avait qu'à pas être si touchant. Les gens innocents avaient toujours été les jouets préférés de la sorcière. Elle adorait détruire ce qui n'était pas encore fissuré.

Les passants s’arrêtaient, curieux, observant le drôle de duo qui était face à eux. À l’entente de son surnom, la sorcière grimaça, comme l’avait prévu James. Il ricana et lui offrit une joli sourire. Mona-Lou semblait d’humeur enjoué, et il se demandait bien ce qu’elle avait derrière pour la tête, pour qu’elle soit aussi enthousiaste. Il s’imaginait déjà terrorisant les pauvres enfants innocents, ou les vieux croûtons prêts à mourir d’une crise cardiaque. Chaque fois que Mona-Lou et James étaient réunis, ils faisaient des ravages, cette fois-ci ne ferait pas exception.

- James, mon adorable vampirounet, je te déconseille fortement de réemployer les terme de "Marraine La Fée" pour me désigner parce que si tu le fais, je te prive définitivement de mon imagination délirante et tu n'auras jamais mon secret. Compris?

James eut du mal à garder son sérieux. Si la sorcière croyait qu’il serait si facile à contrôler, elle se trompait. James agissait à sa guise, et il l’appelait comme il le souhaitait. Néanmoins, il resta de marbre, attendant que son amie daigne lui exposer son plan. Elle le mettait en haleine et il détestait cela, devoir attendre. Elle attrapa un pan de sa jupe à volant et le secoua un peu. Était-elle perturbée ? James secoua la tête. Logiquement, Mona-Lou parvenait à se contrôler, lorsqu’elle était avec lui. Il lui était arrivé une ou deux fois, de faire apparaître son double, Lou, mais elle faisait toujours attention à ce qu’il n’y est personne. Non, la brune devait juste être en train de réfléchir. James ne l’embêta donc pas et attendit qu’elle reprenne la parole, ce qui ne tarda pas.

- Ca fait bien longtemps que je ne suis pas entrée dans un Megastore... Tous ces livres, tous ces films, toute cette musique même!, me manquent atrocement d'un coup. Tu n'es pas de mon avis, Jimmy?

Un regard rempli de sous-entendu traversa les yeux de Mona-Lou et James leva les siens au ciel. Où allait-elle encore l’embarquer ? Il soupira, et la suivit jusqu’au magasin multimédia qui avait été un lieu de jeu autrefois entre les deux jeunes amis. Ils pénétrèrent à l’intérieur et le vampire sentit le regard soutenu du vigile qui se voulait imposant mais qui en fait était plus ridicule qu’autre chose. Le brun lui lança un regard noir provocateur et fila avec sa meilleure amie dans les profondeurs des livres. Le vampire se demandait de quelle façon ils allaient procédés, pour fêter dignement Halloween, et lorsqu’il passa devant deux jeunes filles il ne put s’empêcher de leur sourire, ce qui lui valut un coup de coude de la part de Mona-Lou. On aurait pu croire à de la jalousie, mais non. La sorcière le rappelait à l’ordre, il n’était pas encore temps de jouer. Et en effet, elle ne lui avait pas encore exposer son plan. Il commençait à s’impatienter. Ils arrivèrent alors au point culminent de la bibliothèque, là où toutes les nouveautés et best-sellers étaient exposés. Mona-Lou qui devait adorer lire s’approcha d’une étagère et caressa de ses doigts de fée les livres. Elle murmura alors:

- Regarde-moi tous ces livres sur les vampires... Je suis certaine que pas un ne parle correctement de ce sujet.

Et en effet, la sorcière n’avait pas tord. D’ailleurs James était exaspéré de la façon dont les stupides humains caricaturaient ceux de son espèce. Mais, le brun ne tenait pas à débattre sur les préjugés que les humains avaient sur les créatures magiques, c’est pour ça qu’il s’éclipsa aussi vite qu’ils étaient arrivés, pour retourner voir les deux jolies demoiselles qu’il avait vaguement aperçut. L’une d’elle ressemblait étrangement à une jeune femme qu’il avait rencontré récemment: Hell Connors. Bien sûr, cette femme n’était pas du tout une plaisante rencontre, puisque c’était la pire ennemie de James, mais en même temps… elle était tout autre chose. Le vampire secoua la tête, se vidant de toutes pensées négatives et de son plus beau sourire, se présenta aux demoiselles:

-Bonjour mes jolies, j’espère que vous n’avez rien de prévu aujourd’hui, car moi, James Winslowe, j’ai bien l’intention de vous en faire voir de toutes les couleurs, pour Halloween.

On ne pouvait pas être plus direct, et James pensait en avoir fait un peu trop, mais lorsqu’il vit ses deux victimes qui gloussaient comme des poules, il fut soulagé et agacé à la fois. Ça allait être beaucoup trop facile, si elles avaient directement confiance en lui. Il soupira, et essaya de les faire rire une nouvelle fois, en leur racontant une blague complètement inutile. Ça marcha. Il put alors apercevoir sa meilleure amie, non loin, qui lui envoya un clin d’œil, signant ainsi qu’il était bien partit. Elle alla alors à la rencontre d’un jeune homme qui fouillait de quoi satisfaire son envie de lire. James reporta alors son attention sur les deux jeunes femmes qui allaient lui servir de repas et leur demanda:

-Alors, mesdemoiselles, comment vous appelez-vous ?

La première, celle qui ressemblait Hell prit la parole et lui annonça son prénom Beth. Étrangement, James n’aimait pas la sonorité que ce mot prenait et il eut pitié de la pauvre fille qui devrait porter ce fardeau jusqu’à la fin de sa vie. Enfin, il ne lui restait pas beaucoup de temps à souffrir, elle pourrait se réjouir. La seconde fille avait l’air un peu plus méfiante, et après lui avoir murmuré que cela ne le regardait pas, elle lui annonça finalement qu’elle se nommait Lucy. Lucy. C’était joli. Il leur sourit, puis les attrapa par les épaules, pour les emmener jusqu’à Mona-Lou. Il avait fait une bonne pêche, est-ce que ce serait le cas de la sorcière ? Il espérait !